Entre le 10 mai et le 25 juin 1940, 3 839 soldats nés en Normandie tombent au combat, soit 7,8 % de la totalité des décès recensés dans la base Mémoire des Hommes.
Carte 1 – Lieux de décès des soldats normands (10 mai- 25 juin 1940)

Durant la campagne de France, le département normand le plus touchéde la Seine-Maritime avec 1 496 soldats tués (soit 39 %), suivi de la Manche (18,9 %), du Calvados (17,1 %), de l’Eure (14,8 %) et de l’Orne (10,3 %).
Tableau 1 – L’origine départementale des soldats normands décédés durant la bataille de France (10 mai – 25 juin 1940)
Département d’origine | Effectifs | Pourcentages |
14 – Calvados | 655 | 17,1 |
27 – Eure | 567 | 14,8 |
50 – Manche | 727 | 18,9 |
61 – Orne | 394 | 10,3 |
76 – Seine-Maritime | 1496 | 39,0 |
Ensemble | 3839 | 100 |
Les soldats normands sont principalement engagés sur deux fronts. Ils participent tout d’abord à la campagne de Belgique afin de contenir l’offensive allemande du 10 mai 1940 et sont au cœur des combats qui font rage sur la Meuse dans les Ardennes.
Tableau 2 – Pays de décès des soldats normands durant la campagne de France (10 mai – 25 juin 1940)
Pays de décès | Effectifs | Pourcentages |
Belgique | 285 | 7,4 |
France | 3528 | 91,9 |
Luxembourg | 4 | 0,1 |
Pays-Bas | 22 | 0,6 |
Ensemble | 3 839 | 100 |
Si l’on s’intéresse à présent à la répartition des décès par unité, 57 % des soldats normands tués au combat appartiennent à des régiments d’infanterie. Il s’agit de régiments bien entraînés et bien équipés qui ont été mobilisés dès les premières semaines de combats pour contenir l’offensive allemande.
Tableau 3 – Type d’unité des soldats normands tués durant la campagne de France (10 mai -25 juin 1940)
Type d’unité | Effectifs | Pourcentages |
Infanterie | 2 187 | 57,0 |
Artillerie | 534 | 13,9 |
Cavalerie | 344 | 9,0 |
Pionniers | 125 | 3,3 |
Train | 125 | 3,3 |
Génie | 87 | 2,3 |
Marine | 72 | 1,9 |
Ouvriers | 67 | 1,7 |
Chars | 49 | 1,3 |
Autres unités | 45 | 1,2 |
Régiment régional | 41 | 1,1 |
Tirailleurs | 39 | 1,0 |
Aviation | 36 | 0,9 |
Transmissions | 12 | 0,3 |
Légion | 11 | 0,3 |
État-major | 3 | 0,1 |
inconnu | 62 | 1,6 |
Ensemble | 3 839 | 100 |
Au total, 1 165 soldats nés en Normandie tombent au combat lors des dix premiers jours de la guerre et plus de 50 % d’entre-eux sont tués entre le 10 mai et 4 juin 1940.
Tableau 4 – Répartition des normands tués par grandes périodes
Période | Effectifs | Pourcentages |
L’offensive allemande (10- 20 mai) | 1165 | 30,3 |
Contenir l’ennemi et refuser l’encerclement (21 mai- 4 juin) | 921 | 24,0 |
Les dernières digues (5 mai- 11 juin) | 760 | 19,8 |
L’effondrement (12 juin- 25 juin) | 989 | 25,8 |
Inconnu | 4 | 0,1 |
Ensemble | 3839 | 100 |
Les combats en Belgique et dans le Nord
On retrouve quelques normands dans la cavalerie (5e Régiment de dragons portés) qui sont tués à Nalinnes et à Neufchâteau qui participent ensuite à la défense du Nord. Des éléments de ces régiments meurent également lors de l’encerclement de Saint Valéry-en-Caux début juin ou sont faits prisonniers.
Les soldats normands tués en Belgique nés en Normandie appartiennent aux régiments suivants :
- Le 8e Régiment d’infanterie (arrivé à Cherbourg en 1930) (5e DIM) tente de faire face à la percée de Rommel sur la Meuse mi-mai. Les combats sont intenses à Annevois, Profondeville, Anhée, Cerfontaine. Ce régiment combat également à Bavay, Boussois (fort de Maubeuge), Assevent, Avesnes-sur-Helpe. Ce régiment mène ses derniers combats à Saint-Valéry-en-Caux et à Cherbourg.
- Le 39e régiment d’infanterie (mobilisé à Rouen et stationné initialement à Rethel, 25e DIM) est aussi engagé Belgique autour de Dinant. Il combat sur la Meuse à Anhée, Sommière (Onhaye), défend Haut-le-Wastia puis, encerclé, il est fait prisonnier.
- Le 129e Régiment d’infanterie (Le Havre, 5e DIM) combat aussi à Anhée sur la Meuse et à Haut-le Wastia. Le 20 mai, il se retire sur la Sambre puis combat à Boussois avant de défendre Zuytpeene, Ochtezeele, Téteghem-Coudekerque.
- Le 72e Régiment d’infanterie (4e DI) combat sur l’Escaut. Il débute ses combats à Hautmont le 18 mai, puis assure la défense de la Sambre à Boussières-sur-Sambre. Il combat ensuite à Neuf-Mesnil , puis Lille (du 25 au 30 mai) avant d’être fait prisonnier.
Les combats de la Meuse (secteur des Ardennes)
Engagés dans Les Ardennes, les soldats normands font face à l’offensive allemande du 12 mai 1940 dans le secteur de Vouziers ou à Sedan au sein des régiments d’infanterie (51e, 67e et 91e) et du 42e régiment d’artillerie. Face à eux, Gudérian a déployé dans ce secteur le régiment motorisé d’élite Grossdeutschland, la 10e panzer division, la 2e division d’infanterie motorisée et la 16e division d’infanterie.
- Le 51e Régiment d’infanterie fait partie des défenseurs de Stonne, puis combat aux Grandes-Armoises et au Mont-Dieu. Il combat aussi à Brieules-sur-Bar, Oches et Verrières (22, 23, 24 mai). Les derniers combats à Stonne ont lieu le 24 mai. Début juin, cette unité combat sur Machault puis se replie sur la Marne et combat à Suippes ,Vitry en Perthois , Montmédy. Lors de la période d’effondrement, certains éléments continuent de se battre à Saint-Seine L’abbaye (Côte-d’Or).
- Comme le 51e Régiment d’infanterie, le 67e Régiment d’infanterie est engagé à Stonne le 14 mai. Il perd de nombreux soldats dans les combats constants de cette zone (La Besace, Grandes-Armoises) jusqu’au 24 mai. Il se replie ensuite vers Vienne-le-Château puis Leffrincourt, puis sur la Marne et sur la Meuse.
- Le 24e Régiment d’infanterie combat sur l’Aisne à Blanzy-la-Salonnaise, Aubigny-les-Pothées et Château-Porcien (début juin). Il est fait prisonnier le 10 juin 1940.
- Le 109e régiment d’infanterie participe aussi aux combats intenses dans la Meuse à Olizy-sur-Chiers, et Saint-Pierremont jusqu’au 22 mai. Il continue de se battre autour de Brocourt-en-Argonne et à Euville (17 juin).
Les chiffres clés par départements et les grandes zones de combat
Les lieux de décès des soldats normands durant la campagne de France se concentrent principalement dans trois départements : les Ardennes (20 %), le Nord (16,4 %), et la Meuse (11,8 %).
Tableau 5 – Départements de décès des soldats normands tués durant la campagne de France
Département de décès | Effectifs | Pourcentages | Pourcentages sur exprimés |
08 – Ardennes | 707 | 18,4 | 20,0 |
59 – Nord | 577 | 15,0 | 16,4 |
55 – Meuse | 415 | 10,8 | 11,8 |
02 – Aisne | 240 | 6,3 | 6,8 |
51 – Marne | 222 | 5,8 | 6,3 |
80 – Somme | 166 | 4,3 | 4,7 |
27 – Eure | 139 | 3,6 | 3,9 |
76 – Seine-Maritime | 117 | 3,0 | 3,3 |
10 – Aube | 107 | 2,8 | 3,0 |
60 – Oise | 105 | 2,7 | 3,0 |
Total 10 premiers départements de décès | 2 795 | 72,8 | 79,2 |
Ensemble | 3 528 | 91,9 | 100 |
Tableau 6 – Répartition des soldats normands décédés par zones de combat en France (Niveau cantonal)
Zones de combats intenses (niveau cantonal) | Effectifs | Pourcentages | Pourcentages sur exprimés |
819-Vouziers (zone de Stonne, Petites Armoises, La Besace, le Mont-Dieu…) | 391 | 10,2 | 11,3 |
5996-Dunkerque 1 | 193 | 5,0 | 5,6 |
5514-Stenay (zone de Beaufort en Argonne, Laneuville sur Meuse, Nepvant, Olizy sur Chiers, Sassey sur Meuse…) | 183 | 4,8 | 5,3 |
5101-Argonne, Suippe et Vesle | 82 | 2,1 | 2,4 |
5917-Dunkerque 2 | 74 | 1,9 | 2,1 |
810-Nouvion sur Meuse (zone de Baâlons, Dom le Mesnil, Omicourt, Warnécourt…) | 67 | 1,7 | 1,9 |
5930-Maubeuge | 64 | 1,7 | 1,8 |
808-Château Porcien (zone d’Anelles, Bignicourt,Hauteville, Vieux les Asfeld…) | 58 | 1,5 | 1,7 |
817-Signy L’abbaye (zone d’Aubigny les Pothées, Chaumont-Porcien, Wignicourt…) | 49 | 1,3 | 1,4 |
2799-Evreux 1 | 47 | 1,2 | 1,4 |
10 premiers cantons de combat | 1 208 | 31,5 | 34,8 |
Ensemble | 3 468 | 90,3 | 100 |