Si l’on s’intéresse à l’origine régionale (selon les régions actuelles) ou départementale des 49 443 soldats décédés pendant la campagne de France et nés en France et dans nos actuels départements d’Outre-Mer (soit 84,1% des soldats tués) : 10,6 % sont nés dans les Hauts-de-France dont 4,5 % dans le Nord ; 2,9 % dans le Pas-de-Calais.
Carte 1 – Les départements d’origine des soldats décédés en 1940

Ce sont souvent des soldats des Hauts-de-France qui ont défendu leurs frontières. Les soldats originaires de l’ancien département de la Seine constituent 7% des tués. Le Nord et Paris sont des départements ouvriers en 1940 avec une population importante.
Plus surprenant, la Nouvelle-Aquitaine arrive en 4e position parmi les régions avec 8,3 % des soldats tués : vient en tête la Gironde (1,2 % des soldats tués), puis les Pyrénées-Atlantiques (1 %).
Le Grand-Est, très touché par les combats, a un profil similaire aux Hauts-de-France, avec 7,9 % des tués.
7,8 % des tués viennent d’Auvergne-Rhône-Alpes (1,4 % du Rhône, 1 % de la Loire et 0,8 % du Puy de Dôme). Cette région a, en 1940, un profil industriel-rural.
7,3 % sont nés en Bretagne avec un fort contingent du Finistère (2,4 %) et du Morbihan (1,7 %).
Tableau 1- Origine régionale des soldats nés en France (exprimés : total des tués, hors France*)
Régions d’origine | Effectifs | Pourcentages | Pourcentages sur exprimés |
Hauts-de-France | 6 240 | 10,6 | 12,6 |
Ile-de-France | 5 389 | 9,2 | 10,9 |
Nouvelle-Aquitaine | 4 895 | 8,3 | 9,9 |
Grand Est | 4 639 | 7,9 | 9,4 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 4 581 | 7,8 | 9,3 |
Bretagne | 4 282 | 7,3 | 8,7 |
Normandie | 3 839 | 6,5 | 7,8 |
Occitanie | 3 186 | 5,4 | 6,5 |
Pays de la Loire | 2 785 | 4,7 | 5,6 |
Bourgogne–Franche-Comté | 2 526 | 4,3 | 5,1 |
Centre-Val de Loire | 2 301 | 3,9 | 4,7 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 1 232 | 2,1 | 2,5 |
Corse | 273 | 0,5 | 0,6 |
Martinique | 70 | 0,1 | 0,1 |
Guadeloupe | 65 | 0,1 | 0,1 |
La-Réunion | 12 | 0,0 | 0,0 |
Guyane | 11 | 0,0 | 0,0 |
Nouvelle-Calédonie | 3 | 0,0 | 0,0 |
Polynésie française | 3 | 0,0 | 0,0 |
Indéterminé-France* | 3 011 | 5,1 | 6,1 |
Ensemble | 49 343 | 84,1 | 100 |
Concernant la Bretagne, c’est le Finistère (Brest) qui a subi les pertes les plus importantes en raison de la marine. Les autres départements bretons, plus ruraux, ont connu un nombre de tués important même si leurs soldats ont été mobilisés dans l’infanterie.
La Seine-Maritime est un département qui a eu un nombre important de tués (1 496, soit 2,5 % des soldats tués). Ce département a connu d’importants combats autour du Havre, Fécamp et Saint-Valéry-en-Caux.
Raisonner en nombre de soldats tués ne suffit pas, il faut rapporter ces données à la population de chaque département.
Carte 2 – Le taux de mortalité par département en 1940

Les Bretons (4 282 tués) et les Normands (3 839 tués) sont fortement ponctionnés, pourtant, nous n’avons intégré ni les blessés, ni les prisonniers.
Carte 3 – Les départements d’origine des soldats décédés en mai-juin 1940 : une carte de synthèse en anamorphose

Cette carte montre que la contribution des départements à la campagne de France diffère fortement entre le nord du pays (deux-tiers des soldats tués) et le sud.
Pour citer cet article : Claude Dupuy et Paul Maneuvrier-Hervieu, 2020, « L’origine régionale et départementale des soldats », Les Soldats Oubliés, (année, mois, jour de consultation), consulté depuis http://mortsoublies.fr.