La base Mémoire des Hommes livre de précieux renseignements sur les pertes de l’armée française lors de la campagne de France. Même si elle est sûrement incomplète, il s’agit de l’outil le plus développé pour travailler sur ce sujet.
Graphique 1- L’évolution journalière des décès du 1er mai au 26 juin 1940

L’analyse des décès journaliers montre le point de rupture lié à la défaite sur le front du nord au début du mois de juin 1940 . Le graphique révèle les différentes phases de la campagne de France. L’on passe de la drôle de guerre (50 morts/jour, maladie ou accidents) à une première phase qui se caractérise par un ratio de décès de 1 000 hommes jours, correspondant à la mise en place du front visant à contenir l’avancée Allemande. Le point de basculement des pertes a lieu à partir du 3 juin avec l’encerclement de Dunkerque, puisqu’à partir de cette date et jusqu’au 17 juin le niveau journalier des pertes est très élevé (moyenne de 2 000 tués jour sur la Somme).
Le 17 juin est la date à laquelle Pétain demande de cesser le combat. Certains se poursuivent jusqu’à l’armistice qui entraine une très forte diminution du nombre des tués jusqu’au cessez-le feu, le 25 juin à 5h35. Quelques rares secteurs refusent cependant de se soumettre à cette date. Ils ne sont pas répertoriés dans ce travail qui se centre sur la période du 10 mai au 25 juin. Certains ouvrages de la ligne Maginot ne seront récupérés par les Allemands que début juillet.
Tableau 1 – Pays de décès des soldats tués entre le 10 mai et le 25 juin 1940
Pays de décès | Effectifs | Pourcentages |
Belgique | 3 257 | 5,6 |
France | 55 075 | 93,9 |
Luxembourg | 62 | 0,1 |
Pays-Bas | 287 | 0,5 |
Ensemble | 58 681 | 100 |
Au total, 58 681 soldats sont morts pendant la campagne de France et du Bénélux entre le 10 mai et le 25 juin 1940. 93,9% sont décédés en France soit une moyenne de 4 000 soldats par jour mis hors de combat (avec un rapport de 1 mort pour deux blessés).
Comme les historiens l’ont montré, l’armée française est d’abord une armée de fantassins construite sur l’expérience de 1914-1918.
L’infanterie au sens strict subit 47,4% des pertes. A celles-ci s’ajoutent celles des tirailleurs (10,8 %), des volontaires étrangers (1,3%) et des pionniers (2,6%). Le total représente 62,1% des décès en mai juin 1940.
Tableau 2 – Type d’unités des combattants tués en mai-juin 1940
Types d’unités | Effectifs | Pourcentages |
Infanterie | 27 814 | 47,4 |
Artillerie | 8 327 | 14,2 |
Tirailleurs | 6 318 | 10,8 |
Cavalerie | 4 714 | 8,0 |
Génie | 1 692 | 2,9 |
Pionniers | 1 506 | 2,6 |
Train | 1 315 | 2,2 |
Aviation | 932 | 1,6 |
Chars | 792 | 1,3 |
Légion | 750 | 1,3 |
Marine (hors infanterie) | 739 | 1,3 |
Autres unités | 721 | 1,2 |
Ouvriers | 641 | 1,1 |
Régiment régional | 567 | 1,0 |
Transmissions | 152 | 0,3 |
Garde républicaine | 58 | 0,1 |
Gendarmerie | 54 | 0,1 |
École (non rattaché à une grande unité) | 29 | 0,0 |
État-major | 29 | 0,0 |
Dépôt (unité indéterminée) | 34 | 0,1 |
Inconnu | 1 497 | 2,6 |
Ensemble | 58 681 | 100 |
Pour citer cet article : Claude Dupuy et Paul Maneuvrier-Hervieu, 2020, « Les pertes totales recensées dans la base Mémoire des Hommes », Les Soldats Oubliés, (année, mois, jour de consultation), consulté depuis http://mortsoublies.fr.