Le 1er janvier 1940, lorsque les Français fêtent le Nouvel An dans un contexte de « drôle de guerre », ils sont loin d’anticiper que 6 mois après leur destin aura basculé. La France sera occupée en partie, la République confisquée, et 67 000 soldats ainsi que des milliers de civils seront morts ou blessés.
La carte suivante en anamorphose montre ces combats qui partent de la Belgique et se diffusent à l’ouest tout au long de la campagne de France.
Carte – Lieux de décès des soldats en 1940

Le 1er janvier 1940, pourtant, tout le monde sent que la guerre est à nos portes, mais la France fait semblant de ne pas y croire. Collectivement, elle est sûre de sa stratégie de défense grâce à la ligne Maginot et de la force d’une armée qui dispose en sus de ses ressources coloniales.
Le souvenir que nous gardons collectivement de cet épisode est très marqué par les images qu’en diffuseront les occupants allemands : soldats dépenaillés en colonne qui se rendent, destructions, scènes d’exode, soldats allemands jeunes et triomphants défilant au pas de l’oie sur les Champs-Élysées. Ce sont de fait, les seules images qui seront portées à la connaissance du public. Elles marqueront profondément l’imaginaire collectif français et seront utilisées politiquement par Vichy, mais aussi par les vainqueurs à la Libération.
Cette vision ne reflète qu’une part de vérité. Si la campagne de France a été une défaite sans précédent pour l’armée française, cela n’a pas été pour autant une promenade de santé pour l’armée allemande.
Les files de soldats fuyant les combats seront surtout visibles à partir de mi-juin 1944 et dans la dernière phase de cette guerre, notamment après le discours du 17 juin de Pétain qui appelle au cessez-le-feu.
La débâcle sans combattre est une légende tenace. Si l’on s’en tient aux chiffres officiels, cette guerre aurait coûté la vie à 58 829 soldats et aurait blessé 123 000 hommes à minima. Soit 1 307 hommes décédés par jour. Nous sommes très loin, avec ces chiffres, d’une armée qui fuit les combats.
Si l’armée française a été vaincue rapidement, il faut chercher les causes de la défaite ailleurs que dans les combats qu’elle a menés. La puissance économique allemande en 1940 est indéniable. Presque tous les indicateurs sont doubles de ceux de la France, tant du point de vue de la population que de la natalité, ou de la production industrielle, notamment lourde (acier). Cette puissance investit dans un effort de guerre ne pouvait qu’aboutir à une défaite, d’autant qu’en 1940, les seuls alliés de la France sont les petites armées belges et hollandaises ainsi que le Corps expéditionnaire britannique. On est très loin ici des moyens qui seront nécessaires en 1944-1945 pour vaincre Hitler.
Notre travail ne consiste pas ici à détailler tous ces événements et vous retrouverez en ligne beaucoup de ressources bien faites sur ces sujets. Nous nous sommes appuyés sur un certain nombre de ressources pour ce travail. Il est difficile de citer celles-ci sur un site web. Les principales sont listées ci-après.
Nous souhaitons vous présenter une cartographie dynamique la plus complète possible sur les combats du 10 mai au 25 juin 1940 ainsi que des tableaux statistiques originaux issus de notre recherche.
Il était donc logique que nos publications s’échelonnent dans le temps, en ce 80e anniversaire de cette bataille trop peu connue.
Le 10 mai à 5h35 du matin, date de l’offensive allemande, nous publions un panorama général de la campagne de France incluant la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
Vous y trouverez notamment la carte des combats en anamorphose présente dans ce préambule mais aussi d’autres cartes, statistiques et commentaires.
Le 20 mai à 21h, Guderian arrive sur la Manche à Noyelles-sur-Mer. Nous publierons à cette date un bilan de l’offensive éclair du 10 au 20 mai, en incluant la campagne de Belgique.
Le 5 juin au matin, Dunkerque se rend et c’est la fin du processus d’encerclement des armées du nord. Nous publierons à cette date un bilan des soldats décédés du 21 mai au 4 juin qui inclut l’opération Dynamo de Dunkerque.
Le 11 juin, c’est la défaite qui s’annonce avec la victoire allemande sur la ligne Weygand. Nous en ferons un bilan détaillé du point de vue des pertes. C’est l’effondrement qui s’annonce. Le travail proposé ici va du 5 au 11 juin. Il sera publié le 11 juin.
Le 25 juin à 5h du matin, c’est le cessez-le feu. La France est vaincue. Nous montrerons les effets du discours de Pétain et l’importance des combats des soldats qui se refusent à la défaite. Cette période d’effondrement sera décrite dans cette partie et publiée à cette date.
Entre temps, et selon vos réactions et nos envies, nous publierons des focus régionaux. Un certain nombre sont déjà en cours de rédaction. Nous sommes Normand (Paul) et Aquitain (Claude), il est donc logique que ces deux régions soient traitées en particulier. Nous resterons aussi à l’écoute de vos demandes (dans la mesure de notre temps disponible).
Nous publierons un travail particulier sur les soldats coloniaux et volontaires étrangers dans cette guerre. Il nous tient à cœur car les tirailleurs sénégalais, notamment, ont été victimes de crimes de guerre.
Par ailleurs, nous avons essayé, dans nos parties rédactionnelles, de faire une synthèse de nombreuses lectures mais nous ne sommes pas à l’abri d’erreurs factuelles que nous corrigerons sans difficulté.
Tous nos documents sont en Creative Commons excluant seulement les utilisations commerciales. Vous pouvez donc les importer et les inclure dans vos publications en les citant (cela va de soi).
Bonne lecture
Paul et Claude
Bibliographie succincte
Pour les parties rédactionnelles, il n’existe que peu d’ouvrages détaillés. Nous nous sommes appuyés sur l’ouvrage de Dominique Cormier, Comme des lions : le sacrifice héroïque de l’armée française, Calmann-Lévy 2005. Nous renvoyons à cet ouvrage pour tous ceux qui voudraient connaître les détails de la campagne de France. Pour resituer cette bataille dans son contexte global, vous pouvez lire les deux tomes de Jean-Louis Crémieux-Brilhac , Les français de l’an 40, Gallimard 1990. Pour casser le mythe de la guerre éclair , vous pouvez vous référer à l’ouvrage de l’historien Allemand Karl Hans Frieser, Le mythe de la guerre éclair : la campagne de l’ouest de 1940, Paris, Belin, 2003.
Par ailleurs, il existe de nombreux ouvrages sur la seconde guerre mondiale, notamment celui de Pierre Miquel, La seconde guerre mondiale, Paris, Fayard, 1986 ; et celui sous la direction d’Hervé Drévillon et Olivier Wieviorka, Histoire militaire de la France, Perrin/Ministère des armées, 2018, deux volumes.
Pour la question des guerres de mémoire qui sont au cœur de ce travail : Pascal Blanchard et Isabelle Veyrat-Masson, Les guerres de mémoire: la France et son histoire, La Découverte, Paris, 2008 ; et sous la direction de Jean Lopez et Olivier Wieviorka, Les mythes de la Seconde Guerre mondiale, vol. 2, Perrin, 2017. L’ouvrage sur les lieux de mémoire d’Olivier Wieviorka et Michel Winock (dir.), Les lieux de l’histoire de France, Perrin, 2017, est aussi important.
Pour terminer, nous rendons hommage pour le travail sur l’armée d’Afrique d’Armelle Mabon sans lequel nous n’aurions pas abouti à ce travail: Prisonniers de guerre indigènes:visages oubliés de la France occupée, La découverte, 2019. Nous reviendrons sur ce sujet lorsque nous aborderons sur ce site la période juin 1940 – mai 1945.
Nous dédions ce site à tous ces combattants avec une pensée pour Marcel Laborde, combattant et prisonnier en Autriche, le grand-père de Claude Dupuy.